Pièce de théâtre « Jazz » en livre

Présentation

Une chambre d’étudiant à Paris. Beaucoup de rayons pour des livres. Ils sont vides. Il y a des caisses sur le sol et plusieurs valises, comme à la veille d’un déménagement. Un grand jeune homme de vingt-cinq ans est en train de rouler dans une toile, avec de grandes précautions, un rouleau de parchemin. Il porte un collier de barbe noire et une épaisse chevelure. Il est plutôt maigre, mais robuste. On frappe à la porte. Le jeune homme va ouvrir.

Entre Barricant. C’est un autre jeune homme du même âge, mais plus rond. On voit sur sa figure qu’il est grandement nourri, et il est vêtu avec une élégance bourgeoise. Il regarde autour de lui les caisses et les valises.

Prologue

BLAISE — Ah, te voilà, toi ! D’où sors-tu ?

BARRICANT — Je suis allé vérifier notre succursale de Lille.

BLAISE — Ça marche bien, la quincaillerie ?

BARRICANT — Mieux que jamais. On n’a jamais vu tant de bricoleurs. Et toi, tes examens ?

BLAISE — C’est fini.

BARRICANT — Tu es reçu à cette agrégation ?

BLAISE — Oui, et j’ai eu de la chance. Reçu premier.

BARRICANT — Bravo ! Alors, tu pars en vacances ?

BLAISE — Je suis nommé au lycée d’Aix. Je pars aujourd’hui pour avoir le temps de m’installer.

BARRICANT — Alors, si je n’étais pas venu, tu aurais pris la fuite sans rien dire à personne ?

BLAISE — J’ai téléphoné plusieurs fois chez toi. On n’a pas pu me dire la date de ton retour. Hier, j’ai déjeuné avec Bérard, Olivier et Castel. Un petit déjeuner d’adieu, chez Lipp…

BARRICANT — Et Corinne ? Tu l’as vue ?

BLAISE — Non. Je lui ai écrit. Je viens de mettre la lettre à la poste.

BARRICANT — J’aurais cru que tu avais à lui dire de vive voix des choses importantes… Il me semblait que tu avais pour elle une assez visible inclination !

BLAISE — Tu ne te trompais pas.