Marcel Pagnol : L’album d’une vie
24 janvier 2023
Pagnol livre, dans sa pièce de théâtre "JUDAS", une version personnelle de cette histoire qu'il considère comme un mystère.
Première représentation au Théâtre de Paris (6 octobre 1955).
Édition Originale. Monte-Carlo, Pastorelly, 1955.
Le personnage de Judas, c’est celui du traître dans la divine tragédie de la Révélation, dont le dernier acte est la Passion. Il est considéré depuis des siècles comme le plus grand criminel de tous les temps. En réalité, que savons-nous de lui ?
Les Évangiles n’en disent presque rien jusqu’au souper de Béthanie. Ce qui parait certain, c’est qu’il était jeune, qu’il était beau, qu’il avait une famille, et que son père s’appelait Simon. On croit aussi qu’il était potier. C’est Jésus lui-même qui le choisit pour être l’un des douze apôtres, et qui lui confia la bourse de la communauté : c’est-à-dire que Judas fut l’intendant de la petite troupe de vagabonds, et le premier serviteur du Messie.
Du point de vue spirituel, il reçut les mêmes pouvoirs que ses frères. Il enseigna les foules, il donna le baptême, chassa les démons, guérit des malades, et suivit le Maître dans ses prédications errantes, dans les villes, les villages, à travers les montagnes et les déserts.
Pourtant, c’est un fait historique qu’il conduisit les soldats jusqu’au campement de son Maître, qu’il le dénonça par un baiser, et qu’il reçut, pour prix de ses services, trente deniers. Puis, après la réussite de sa trahison, il jette le prix du sang, et va se pendre. Du point de vue policier, des spécialistes (dont un juge d’instruction) m’ont dit :
« C’est une affaire qui ne tient pas debout, et il doit y avoir autre chose. »
24 janvier 2023