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Marcel Pagnol : l’homme
Né à Aubagne le 28 février 1895 de Joseph Pagnol et Augustine Lansot, Marcel Pagnol reçoit une éducation classique et républicaine teintée d’anticléricalisme. Fils d’instituteur, il se passionne très vite pour les lettres classiques et fonde à 19 ans la revue littéraire « FORTUNIO » où sont publiés notamment des critiques théâtrales et lyriques ainsi qu’un roman feuilleton « Pirouettes » .
En 1916, il entre dans l’enseignement. Il est nommé répétiteur à Digne, Pamier, Tarascon puis à Paris en 1922. Durant ses temps libres, il écrit des pièces en vers, des drames antiques.
En savoir plus sur l’hommeAuteur de pièces de théâtre à succès
Installé dans la capitale, le jeune auteur retrouve son ami Paul Nivoix avec qui il écrit en 1924 « Les marchands de gloire ». La critique est élogieuse mais le succès n’est pas au rendez-vous. A cette époque, ses amis sont Marcel Achard, Henri Jeanson, Joseph Kessel. Ils se réunissent tous les soirs pour parler de leurs écrits.
En 1926, sa nouvelle pièce « Jazz » est créée au théâtre de Monte-Carlo. Le public l’acclame ; sa carrière est lancée. Viendront par la suite trois des plus grands succès du théâtre français « Topaze » en 1928, « Marius » en 1929, « Fanny » en 1931. Cette année là, sa rencontre avec Bob Kane, directeur de Paramount France lui donne l’occasion de porter « Marius » à l’écran. Le succès est phénoménal, et le cinéma parlant en pleine expansion. Marcel Pagnol décide alors de créer sa société de production et d’abandonner le théâtre.
Une aventure cinématographique hors normes
Une page se tourne, il fonde ses propres studios à Marseille et un magazine « les cahiers du film » afin de diffuser sa conception de l’art cinématographique : Le dialogue doit primer sur l’image. Par ce biais, il instaure la suprématie de l’auteur sur le réalisateur. Ceci peut paraître anodin de nos jours, mais, dans les années trente, les théories du septième art étaient directement issue du cinéma muet et le réalisateur était tout puissant.
Il se consacre à ce nouveau moyen d’expression jusqu’en 1954, produit et réalise plus d’une vingtaine de films Fanny, Topaze, Angèle, César, La fille du puisatier, La femme du boulanger, Regain, Manon des sources, Naïs etc.
Marcel Pagnol l’écrivain
En 1946, il est le premier cinéaste élu à l’Académie Française. Il fréquente alors de plus en plus d’écrivains et se met à écrire en prose. Il commence avec ses souvenirs cinématographiques Cinématurgie de Paris puis par une attaque virulente contre les critiques « critique des critiques » et par un essai sur les mécanismes du rire Notes sur le rire.
En 1955, il met un terme à sa carrière cinématographique pour des raisons personnelles. Après un bref retour au théâtre avec Judas et Fabien, il se lance dans la rédaction de ses « Souvenirs d’enfance » : La gloire de mon père et Le château de ma mère. Puis vient « L’eau des collines » composée de Manon des sources et Jean de Florette, suivent Confidences, Le temps des secrets. Il traduit « Les bucoliques » de Virgile et « le songe d’une nuit d’été » de Shakespeare, écrit un essai historique sur l’énigme du masque de fer. Enfin, il travaille sur le dernier tome de ses souvenirs d’enfance Le temps des amours qu’il ne pourra finir.
Au regard de sa vie, il semble que le moyen d’expression importait peu à Marcel Pagnol. Seule la liberté de création l’intéressait. Ainsi, il quitta les contingences du théâtre pour la liberté de mise en scène que procurait la caméra. Puis, à une époque où réaliser un film était devenu trop fastidieux, il préféra sa plume sergent major, son encrier et une page blanche. Pour lui, le théâtre et le cinéma n’étaient que des arts mineurs, c’est-à-dire des outils au service de l’art dramatique, au même titre que le stylo n’est que l’outil de l’écrivain.
Marcel Pagnol et « les autres »
Une influence au delà des frontières
Ce refus de l’asservissement de la création par la technique le poussa dès 1933 à tourner en extérieur et à favoriser le naturel des situations et du jeu d’acteur. C’est pourquoi Roberto Rossellini et Vittorio De Sica diront de lui qu’il était le père du néo-réalisme. Son œuvre est empreinte d’une compréhension hors du commun de l’être humain. Il ne condamne jamais ses personnages ni ne les juge. Chacun a sa chance, son histoire, les pires actions sont toujours pardonnées, l’homme n’est jamais maître de son destin.
C’est cela la leçon de Pagnol : en sortant d’un de ses films, on était heureux. Parfois même on se croyait meilleur.
Jean-Charles Tacchella (réalisateur)
Une des autres constantes de l’œuvre de Marcel Pagnol est son ancrage dans le sud de la France. Mais, déjouant les pièges du régionalisme, il fît de cette région le centre du monde en donnant à ses personnages et à ses thèmes une dimension universelle, tel Marius, jeune homme à la recherche de lui-même, appelé par l’ailleurs et retenu par l’amour, telle Fanny, sacrifiant sa vie pour faire le bonheur de l’homme qu’elle aime.
L’œuvre de Marcel Pagnol été adaptée dans le monde entier, en Égypte, en Chine et en Angleterre avec « Topaze », au Japon avec deux adaptations de « Marius », aux États-Unis avec « Marius » et « Fanny ». Ses livres sont aujourd’hui traduits dans plus de dix langues et les écoles étrangères font étudier le français sur les textes des « Souvenirs d’enfance » et de la « Trilogie ».
Marcel Pagnol et les autresMarcel Pagnol : ses multiples talents
Dramaturge, romancier, cinéaste, essayiste, pamphlétaire, historien mais aussi directeur de studios, d’agences de distribution, producteur, directeur de presse, il était surtout un homme curieux, éclairé sur toutes choses, à la manière d’un scientifique du siècle des lumières.
De multiples talentsMarcel Pagnol s’éteint à Paris le 18 avril 1974.