Théâtre

Marius

"Marius", premier film de Marcel Pagnol au cinéma. Ici, Raimu, Pierre Fresnay et Orane Demazis.
"Marius", premier film de Marcel Pagnol au cinéma. Ici, Raimu, Pierre Fresnay et Orane Demazis.

Pièce en quatre actes et six tableaux. Première représentation au Théâtre de Paris (9 mars 1929). Edition Originale – Paris, Fasquelle, 1931.

Principaux interprètes à la création

Raimu – César
Pierre Fresnay – Marius
Fernand Charpin – Panisse
Orane Demazis – Fanny
Alida Rouffe – Honorine
Paul Dullac – Escartefigue
Pierre Asso – Monsieur Brun
Maupi – Le chauffeur
Henri Vilbert – L’agent

Résumé

A force d’observer les grands voiliers qui font escale dans le Vieux-Port, en face du bar de son père César, Marius n’a plus qu’une obsession : partir. Cette envie est si forte qu’elle l’empêche de voir l’amour que lui porte Fanny, la petite marchande de coquillages qui tient éventaire sur la terrasse du Bar de la Marine. Ce n’est que lorsqu’un des clients, Maître Panisse, la serrera d’un peu trop près qu’il en prendra conscience. Pour garder Marius, Fanny se donnera à lui, mais en vain. Elle lui fera alors croire qu’elle en aime un autre. Mais la mer restera la plus forte et Marius embarquera sur « La Malaisie ».

Extrait

CÉSAR
..Tu ne sais même pas doser un mandarin-citron-curaçao.
Tu n’en fais pas deux pareils !

MARIUS
Comme les clients n’en boivent qu’un à la fois,
ils ne peuvent pas comparer.

CÉSAR
Ah ! Tu crois ça ! Tiens le père Cougourde, un homme admirable qui buvait douze mandarins par jour, sais-tu pourquoi il ne vient plus ?
Il me l’a dit. Parce que tes mélanges fantaisistes risquaient de lui gâter la bouche.

MARIUS
Lui gâter la bouche ! Un vieux pochard qui a le bec en zinc.

CÉSAR
C’est ça ! Insulte la clientèle au lieu de te perfectionner dans ton métier ! Eh bien, pour la dixième fois, je vais te l’expliquer, le picon-citron-curaçao. (Il s’installe derrière le comptoir.) Approche-toi !
(Marius s’avance et va suivre de près l’opération. César prend un grand verre, une carafe et trois bouteilles. Tout en parlant, il compose le breuvage.) Tu mets d’abord un tiers de curaçao. Fais attention : un tout petit tiers. Bon. Maintenant, un tiers de citron. Un peu plus gros. Bon. Ensuite, un BON tiers de Picon. Regarde la couleur. Regarde comme c’est joli. Et à la fin, un GRAND tiers d’eau. Voilà.

MARIUS
Et ça fait quatre tiers.

CÉSAR
Exactement. J’espère que cette fois, tu as compris.
(Il boit une gorgée du mélange).

MARIUS
Dans un verre, il n’y a que trois tiers.

CÉSAR
Mais, imbécile, ça dépend de la grosseur des tiers !

MARIUS
Eh non, ça ne dépend pas.
Même dans un arrosoir, on ne peut mettre que trois tiers.

CÉSAR (triomphal)
Alors, explique moi comment j’en ai mis quatre dans ce verre.

MARIUS
Ça, c’est de l’arithmétique.

CÉSAR
Oui, quand on ne sait plus quoi dire, on cherche à détourner la conversation.

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